L’éthique de Kant



« Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée par ta volonté en une loi universelle et non individuelle ou personnelle ».


« Agis de telle sorte que tu traites l’humanité en toi-même et en autrui comme une fin et jamais comme un moyen ».


« Agis comme si tu étais législateur et sujet dans la « République » des volontés libres et raisonnables ».



Emmanuel Kant

vendredi 14 décembre 2007

De la modernité régressive ...

De la modernité régressive…

Alors que le système se mord lamentablement la queue, on ouvre des chasses au sorcières, on cherche des boucs émissaires ; au prétexte de civisme on inciterait pratiquement à la délation, on rétabli l’inquisition, on fouille chez les gens, on fouille dans leur ordinateur ! Comme dans l’ancien temps le glaive tend de plus en plus à remplacer la symbolique balance et, on punit de plus en plus pour l’exemplarité : pour simplement ne pas avoir satisfait au système en place pourtant tellement condamnable ! De nouveau on va en prison pour ses idées (José Bovet, certains manifestants contre le CPE), ou en garde à vue comme certains journalistes. L'esprit du droit n'est plus animé par la justice sociale mais par un esprit essentiellement sécuritaire mâtiné d'intérêts économiques particuliers des plus anonymes. Référence est faite, ici, aux multinationales sans nationalité, sans réelle responsabilité sociétale, à ces affairistes de tout poil qui dominent et dirigent le monde ! Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ; ainsi aux dernières nouvelles : les 200 plus grosses fortunes se partageraient la moitié des richesses du globe ! A nouveau l'individualisme, paroxysme d'individualité, et l'économisme, paroxysme d'économie, règnent en maître : quant à la société : elle est totalement niée ! De nouveau, ceci un peu partout en Europe et dans le monde, le racisme et ses corollaires que sont la xénophobie et l’antisémitisme reprennent du poil de la bête et font un retour en force ; il se pourrait, à nouveau, qu’un jour, la compassion et la commisération ne suffisent plus et qu’à nouveau tout implose !

Ce que les classes sociales se doivent l'une à l'autre était le titre d'un livre publié en 1883, dans lequel un Américain, William Summer, reprend les idées du darwinisme social, idées qui en réalité ont peu à voir avec Darwin qui était bien plus fin que cela, mais tout à voir avec Herbert Spencer, scientiste Anglais tenant de l’évolutionnisme ! Un raisonnement philosophique ( ?), disons plutôt « scientiste », qui est à la base de l'économie libérale : « La vie est une compétition où triomphe les individus les mieux adaptés, les plus doués, qui s'assurent la richesse, pendant que les moins adaptés, les moins capables sont éliminés ; c'est, là, une loi naturelle (la main de Dieu) qu'il est vain de vouloir troubler» ! L'idée n'est pas neuve, elle serait même d'un autre siècle, pourtant toute l'Amérique et sa vision de la société moderne sont résumées ici : une véritable jungle ! Toute l'Amérique, voire toute la pensée sociale, économique et culturelle anglo-saxonne basée sur la « création de richesses », celle des Nations des 17é, 18 é et 19 è siècles, ou des multinationales du 20 è ; une pensée économique libérale capable encore de nos jours de continuer de faire travailler ses retraités et même ses enfants ! Une économie libérale capable de créer des emplois pour créer des emplois, mais qui ne permettent pas, même si l’on en tient plusieurs à la fois, de dépasser le seuil de pauvreté. A l’inverse des emplois mal rémunérés qui enrichissent le capital car si la part des salaires diminue dans la répartition de la valeur ajoutée produite par les entreprises, en France, pratiquement 10 points de perdus entre 1981 et 1994, avec le retour du capitalisme financier sous la gauche ; celle du capital et celle des ses revenus augmente et sérieusement ! Un capital qui progresse en allant s’investir (délocalisation) sous des cieux plus cléments, dans des pays un peu moins évolués sociétalement, et beaucoup moins rigoureux réglementairement. Il est vrai que dans cette culture là, celle de l’économisme, l’économie pour l’économie, celle du « business is business », de l’économie pure et dure : il est vrai qu’il n'y a pas de petits profits ! On nous parle beaucoup actuellement de la croissance, d’une croissance nécessaire à l’économie en France ; en réalité, ce n’est pas l’économie, celle naturelle et sociétale, basée sur l’échange qui a besoin de croissance, mais celle essentiellement capitalistique basée sur la concurrence, la concurrence sauvage, celle des uns contres les autres, dévoreuse d’énergie en tout genre, naturelle et humaine ; une croissance nécessaire au capitalisme financier… autrement le château de cartes s’écroule !

En revisitant l'histoire économique et sociale du 19 é siècle, il est singulier de constater depuis pratiquement deux siècles le peu de progrès réalisé en la matière ; toujours les mêmes maux et les mêmes difficultés en ce début de siècle et de nouveau millénaire qui pourtant pourraient être si prometteur si nous le voulions. Le constat est d'autant plus navrant, ceci, au regard du progrès technique et scientifique qui est si grand ; au point qu’il est possible de penser qu’il y aurait, entre progrès technique et progrès social, comme une dichotomie, un peu comme si l'un était le prix à payer par l'autre : pourquoi ? Quel est le problème ? Là se trouve la véritable et unique question que doit se poser ce siècle et ce millénaire qui commencent à peine. Une question qui doit être posée « philosophiquement », « épistémologiquement », « politiquement » et pas exclusivement économiquement ! En fait la réponse est veille comme le monde et se trouve dans ce qui vient d’être exposé ci-dessus avec le darwinisme social ; le problème : c’est l’exploitation de certains par d’autres qui s’y croient autorisé, parfois même par la religion ! Une religion, qui, d’ailleurs, dans le genre exploitation aliénante, s’est pas mal défendue au cours des différents siècles ! Au bout du compte, nouvelle croyance et nouvelle religion, on en revient au capitalisme et la définition qu’en donnait Carl Marx, qu’il différenciait du capital moyen utile et nécessaire à toute économie humaine : le capitalisme c’est l’exploitation moderne de ‘homme par l’homme ! Le capital est utile ; quand au capitalisme, concept idéologique dogmatique des 18 è et 19 è siècle : il n’est qu’un « paroxysme » du capital et donc néfaste à l’économie !

En ce début de III è millénaire, qui peut encore sérieusement penser que nous puissions construire notre présent comme notre avenir, sur les pensées libérales libertaires des 17 è, 18 è et 19 è siècles? Celles du laissez faire, du laissez-passer, du darwinisme et du dumping social, des égoïsmes individuels et de la main invisible (quasi divine) qui équilibre naturellement et automatiquement le marché? Qui peut croire que la société nouvelle, née du progrès de la science, nourrie des fruits de la prospérité, éduquée par l'évolution technologique et culturelle, émancipée par ses luttes politiques, puisse continuer longtemps encore d’accepter une explication purement " égoïste " du système ? Assez étrangement, il semblerait que les socialistes, au moins le parti officiel et une grande majorité des ses militants soient prêts à le croire puisqu’ils appelaient à plébisciter un projet de constitution européenne on ne peut plus libérale ; ceci apparemment au titre d’un certain réalisme ou pragmatisme de gauche qui s’avère des plus trivial, car ne consistant qu’à s’adapter à l’immédiateté, ceci, même si elle est imbécile voire crétine cette immédiateté. Etre réaliste c’est aussi ne pas accepter l’inacceptable et l’intolérable ; car 15 à 20 % de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, sans compter la précarité des autres, il y a là une réalité totalement inacceptable dans un pays, voire dans des pays qui se disent modernes et démocratiques, qui, surtout, entendent donner des leçons dans ce domaine au reste du monde !

Assez visiblement entre économie de profits et économie de progrès humain, bien malheureusement, la lutte est loin d'être terminée. A cet égard, notre 20 è siècle, dont la première partie en a fait le siècle le plus meurtrier de toute l’histoire de l’humanité, aura dans sa deuxième partie ou plus précisément dans son dernier quart, car nous sommes passés des trente glorieuse au trente piteuses ; aura été pire qu’un quart de siècle pour rien : " un quart de siècle de régression démocratique, politique, économique, social, intellectuel et culturel" ! Nous avons été incapables de tirer les leçons de nos échecs et c’est ce qui fait que les principes mêmes de démocratie et d’humanité sont en grave danger ! Il y a un effort à faire en vue de montrer la place et le rôle de l'économie dans le jeu social tout entier ; nous devons, de ce point de vue, être capables d'évoluer sans nous sentir liés par des stéréotypes de toutes sortes. Un effort qui permettrait d'engager un dialogue plus réaliste, et sans doute plus fructueux, entre les différentes forces de la société. Si nous voulons construire dans sa complexité un autre monde et le faire dans une atmosphère de civilisation vraie, qui, réellement a manqué à notre 20 è siècle ; ce n'est pas d'une société de divergences et d'antagonismes comme « la société concurrentielle de la mondialisation » que nous avons besoin, mais plutôt d'une société de convergences et de synergie. Cette réalisation passe inévitablement par la remise en cause et la critique des principes rationalo technoscientistes et des lois économiques qui nous gouvernent, à peine dignes de leur époque ; des principes qui devraient être révolue, mais auxquels, hélas, nous sommes revenus, et, de plus belle encore !

Il n'y a plus de théorie économique, que des pratiques systémiques, qui, quand elles ne se combattent pas, s’ignorent les unes les autres ; des pratiques qui font que la main droite de l’«Etat » ne sait pas ce que fait la main gauche ! La science économique n’étudie pas réellement l’économie mais elle l’agite ; elle l’agite en fonction de principes essentiellement rationalo mathématico technoscientistes, essentiellement quantitativistes, productivistes, ceci, sans considération de qualité aucune ! Se faisant la science économique classique, moderne, donne un bâton à la société pour se faire battre ; un bâton que bêtement celle-ci saisit ! L'économie comme l'entreprise, une économie d’ailleurs essentiellement d’entreprise, celle du CAC 40 (capitalisme financier); l’une comme l’autre doivent se définir une philosophie, une conception de leur rôle, une définition de leur fonction spécifique, forcément sociétale, qui soient mieux adaptées aux réalités du siècle et du millénaire qui commencent! Un siècle et un millénaire qui semble devoir intégrer la complexité des chose en lieu et place de leur simplisme : à cet égard, le souci écologique qui monte dans la populations, malgré le déclin du mouvement politique écologique, en témoigne. Une philosophie économique, donc une science économique, qui, avant tout, se doit d’être « sociétal » car il n’y a pas d’économie (logique d’ensemble) possible sans société ! De ce point de vue, l’économie comme la politique, systèmes de moyens et non de fin en soi, doivent être, et non l’inverse, au service d’un système de finalité qui leurs est supérieur : un système de finalité qui s’appelle la « société »!

L’économisme, la société au service de la seule économie, au service de l’économie pure, purement mathématique, concept du 19 è siècle a effectué un retour en force ! Un économisme et ses corollaires que sont le libéralisme économique et le capitalisme financier qui font l'objet d'un consensus mou, à droite, forcément, et on ne peut pas s’en étonner, mais aussi et plus étrangement à gauche, du moins chez les dirigeants socialistes ; ce sont, là, autant de choses d’un autre siècles qui ne conviennent plus : qui ne conviennent pas pour le 21 è siècle ! En effet, et plus qu’un simple risque, il y a là une certitude qui est celle de réveiller les idéologies totalitaires ; c’est l’histoire qui nous le dit… une histoire, qui, visiblement, modernité régressive oblige, se répète lamentablement car nous n'avons pas le courage de la regarder en face ! Une histoire, en fait un 20 è siècle, qui, s'il a été un siècle de progrès scientifiques et techniques absolument incroyables, en même temps, a été le siècle le plus meurtrier de toute l'histoire de l'humanité : un véritable siècle de barbarie !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Si l'effort vous en dit, vous pouvez consulter les travaux entrepris dans l'Atelier Paul Fabra: www.atelierpaulfabra.org.
Ceci impliquera d'accepter une limitation de la science économique à celle des échanges marchands et des transferts marchand.
Toute science doit délimiter son objet; et l'objet de la science économique, ce n'est pas la société.

Cordialement,
AL

Anonyme a dit…

tres intiresno, merci